Musique / Mutation
Planche n°1, 2017
Dessins, textes et collages sur vélin d’Arches 30 x 46 cm
Musique : n.f., fin du XIIe siècle, du latin musica, du grec mousikê, « musique », c’est-à-dire l’art des muses (poésie, musique, tragédie, astronomie…). Art de produire, de combiner des sons d’après des règles, d’organiser une durée avec des éléments sonores.
Visible Music, Cymatics.
La musique comme « suite indéfinie des transformations ». Paul Valéry, Cahiers, XIX, 183.
Étudier la variation et la métamorphose incessante qu’est la musique dans sa mutation continuée.
Extrait d’une partition de Beethoven.
Voir coïncidence sur le vif de la modulation de l’être du monde et la modulation de l’être en soi.
Embarque-toi dans ces transformations continues-discontinues ! – Inconstantes probabilités poétiques…
Harpe à six cordes kundi, Congo.
Composer : harmonisation, improvisation, transcription, transposition.
« De la musique avant toute chose ! » Paul Verlaine, Jadis et Naguère, 1884.
Voir origines des cosmogonies, récits fondateurs. Soit le son comme première force créatrice du monde. Comment retrouver la substance acoustique originelle enfermée dans la matière ?
Joan Miró, El Oro Del Azur, 1967.
Wolfgang Laib, Pollen from Hazelnut, 2002.
Notation en bleu, 2015.
Mutation : n.f., xiie siècle, du latin mutato, « transformation ».
« Nos actions, qui sont en perpétuelle mutation. » Montaigne, Essais, 1572-1592.
Sound waves [ondes sonores].
Les alchimistes espéraient obtenir la mutation des métaux en or… > conversion, transmutation.
Biol. 1903. Modifications naturelles brusques provoquées par irradiation (UV, rayon X…) du patrimoine d’un être vivant. Mutations spontanées : mutagenèse.
Mutare : « changer », « muter ».
« Le caprice du vent change en deux ou trois minutes la face du champ de la mer. […] Les mutations rapides font penser à celles d’une âme très impressionnable. » Paul Valéry, Autres Rhumbs.
Inconnu.
Iannis Xenakis, Pithoprakta (transcription graphique), 1955-1956.
Iannis Xenakis se rapproche des phénomènes biologiques et des événements du vivant pour composer. Il simule des marches aléatoires. Il est fasciné par les lois de la nature et l’immanence. « Bondir réellement dans l’espace ! » Iannis Xenakis.
Morton Feldman, De Kooning (partition pour cor, percussion, piano, violon), 1963.
Josef Albers, Gratte-ciel, v. 1929.
Iannis Xenakis et les Percussions de Strasbourg.
Al Taylor, Titre, 1989.
Planche n°2, 2017
Dessins, textes et collages sur vélin d’Arches 30 x 46 cm
Robert Motherwell, Yellow Music, 1984.
Josef Albers, Homage to the Square, 19xx.
« On appelait mutation dans la musique ancienne généralement tous les passages d’un ordre ou d’un sujet de chant à un autre. Aristoxène définit la mutation comme une espèce de passion dans l’ordre de la mélodie ; […] Aristide Quintilien, une variation dans le système proposé. » Jean-Jacques Rousseau, Dictionnaire de musique, 1768.
Man Ray, Le Violon d’Ingres, 1924.
Ellswoth Kelly, Yellow Form II, 1964.
Julliard School New York, Notation 9 du 20/11/2014, sur Elliott Carter, Figment.
Peritia modulationis : « La musique est l’habileté à moduler. » Isidore de Séville.
Pythagore : L’univers chante. Il vibre tout entier et harmonieusement.
John Cage : photographie et partition.
John Cage écoute 4’33’’ en 1952. Le silence n’existe pas. « Un acte dont on ne prévoit pas l’issue. » Elle accueille le hasard et l’accident. Le tout peut arriver !
Contemple ces rythmes immuables et éternels. Tu peux les entendre ! Car ton âme humaine est issue de l’âme du monde. La musique te baigne soudain dans le courant d’un univers de vibrations, cet éternel flux des choses. Et puis, au travers d’étranges mutations intérieures, le pinceau intuitif et spontané saisit cette dynamique universelle…
Robert Motherwell, Black sounds, 1984.
Georg Friedrich Haendel, Messiah (partition), 1741.
Nuit d’opéra à Aix, festival 2017.
Planche n°3, 2017
Dessins, textes et collages sur vélin d’Arches 30 x 46 cm
The Juilliard Experiment, New York, 2014.
John Cage, 4’33’’.
« Donne une forme au silence. » Georges Braque, « Le Jour et la Nuit », Cahiers 1917-1952.
Musique / Mutation. Planche n°4, 2017
Dessins, textes et collages sur vélin d’Arches 30 x 46 cm
Vector Sound Waves by microvector in graphics.
« J’essaie chaque fois d’ajouter quelque chose en enlevant ce qui m’encombre. » Nicolas de Staël, 1954.
Julliard School de New York, 2014 : étude à New York de la propagation du mouvement continu-discontinu de l’onde sonore dans son déploiement.
Donne une vie propre aux sons ! Accroche-toi à cette instabilité, car elle est mouvement porteur de l’esprit du vivant.
Voir chez Yves Michaux : la musique est mutation perpétuée d’un jeu d’incessantes métamorphoses, de formes évanescentes. « Cette bonne inondation »…
Partition de Jean-Sébastien Bach.
Partition de György Ligeti.
Souvenir de Nicolas de Staël : « Il puisait dans la musique des ressources d’invention, grâce à une sorte de transposition qu’il effectuait par instinct… ». Pierre Boulez, catalogue Centre Pompidou, 2003.
Nicolas de Staël, Le Grand Concert, L’Orchestre, 1955.
Manuscrit médiéval.
Nicolas de Staël.
Planche n°5, 2017
Dessins, textes et collages sur vélin d’Arches 30 x 46 cm
Dans la musique « […] tout est vital et vitalité et sensibilité » Henri Lefebvre.
« La musique que crée le monde. Elle est le corps spirituel du monde, la pensée fluide du monde. » Alexandre Blok, Carnets, juin 1909.
Reflète les desseins du réel, son essence vibratile et rythmique.
Apprivoise ces manifestations émanant de l’invisible ! Il y a transposition-mutation des pouvoirs du souffle sonore au souffle pictural, au souffle verbal… Le verbe a pris à la musique le mouvement naturel cosmique.
Lignes contrapuntiques, Juilliard Experiment, New York, 13-11-2014.
Sound waves graphics.
Pordenone.
Georges Braque, Violon et journal, 1912.
Staccato, 2015.
La musique « est du bruit qui pense ». Victor Hugo.
Marche bleue, 2015.
Aurélie Nemours, Arci, 1977.
« Dans la musique, comme dans la peinture, et même dans la parole écrite, […], il y a toujours une lacune complétée par l’imagination de l’auditeur. » Charles Baudelaire, « Richard Wagner », L’Art romantique, XXI, 1.
Joue et peins viscéralement : la volupté d’un chant jubilatoire, obscur, surgi des profondeurs. Saisis alors l’invisible sur le vif !
Partition Frédéric Chopin, Polonaise opus 53.
Study between landscape and soundscapes. Analyse du spectre avec un logiciel de traitement du son, Audacity.
Mutation, 2016.
Planche n°6, 2017
Dessins, textes et collages sur vélin d’Arches 30 x 46 cm
Partition de la main de Wolfgang Amadeus Mozart.
« Paysage sonore », analyse du spectre, logiciel Audacity.
Planche n°7, 2017
Dessins, textes et collages sur vélin d’Arches 30 x 46 cm
Partition de Poème électronique d’Edgard Varèse, 1958.
« J’opérais par petits fragments, effaçant et recommençant les séquences mauvaises et organisant, à l’aide de ciseaux et du papier collant, des coupures, des soudures et des assemblages. » Jean Dubuffet, La Musique chauve. Il privilégiait l’invention et l’étonnement à la justesse d’exécution. Il cherchait à « tirer des effets inédits des instruments », 1961.
« Tous les arts reposent sur deux principes, la réalité et l’idéalité. » Lettre de Franz Liszt, 30 novembre 1838.
Jean Tinguely.
Edgard Varèse, Poème électronique.
Partition d’Igor Stravinsky.
Partition de Franz Liszt.
« C’est une charge contre l’inquisition sous toutes ses formes. » Edgard Varèse.
Cours après le plaisir sans cesse renouvelé de la variation !
Voir Gilles Deleuze et son étude des plis dans l’âme comme formes de la vie, comme formes de l’infini, ou comme éléments génétiques idéaux. La ligne sonore comme corps physique élastique ? Vers l’intuition sensible des plis et replis de la matière.
Étudier mathématique des courbes de Leibniz. La courbure irrégulière de la ligne autour de points d’inflexion qui s’expriment dans des séries infinies. De l’inflexion à l’inclusion dans… On trouve là une genèse cohérente !
Notation musicale, Ludwig van Beethoven.
Francis, Matières et mémoires, 1945.
Jean Dubuffet.
Jean Degottex, Signes et Métasignes.
Marc Chagall, Le Triomphe de la musique (détail) [pour le Metropolitan Opera de New York], 1966.
L’espace sonore des Muses est comme un miel, sur lequel battent des ondes puissantes d’harmonies en mutation. Elles sont traversées par un jaillissement rectiligne, aussi direct, aussi ténu que celui de l’esprit. Cet art vainqueur du silence et maître du temps, la musique, absorbe l’incessant moteur des mutations, la vie. Mélodie, harmonie, rythme, ces trois vocables grecs, donnent du sens aux bruits du monde, en instaurant cet « ordre entre l’homme et le temps » dont parle Igor Stravinsky.
Alain Rey