Vide / Vibration
Planche n°1, 2017
Dessins, textes et collages sur vélin d’Arches 30 x 46 cm
« De tous les grands concepts que nous portons en nous, celui du néant est sans doute le plus fécond. » Léonard de Vinci.
Vide : adj. et n.m. Fin du xie siècle. Forme féminine de l’ancien français vuit, voit, voide. Du latin populaire vocitus. De la famille de vocuus, « vide », ou de vacuus, « vacuité » ! Dérivé de vacare, « être vide », « vacant », « libre de ». Qui ne contient rien de concret, de perceptible. Lieu, espace où il n’y a rien, néant.
« Il ne peut y avoir aucun espace entièrement vide. » Descartes.
« […] il aurait fallu reconnaître l’existence de fluides intangibles, invisibles, impondérables […] ». Balzac, Ursule Mirouët.
Syn. vacuité, vacuum. Le vide et le plein > fluide subtil.
« Les atomes et le vide. » Voltaire.
« La nature a horreur du vide. » Pascal, 1648.
1670. Vide de sens.
Science physique (en parlant d’un espace clos) : Qui contient une matière raréfiée.
Peinture : « Partie d’un tableau qui n’est pas suffisamment remplie. » Charles Baudelaire, Salon de 1846.
Recherche du bleu, ce fluide vital.
Sol Lewitt, Wall Drawing 289, 1976.
Chantier recherches Vide-Vibration avril 2017 pour exposition Alice Pauli.
Dan Flavin, Untitled, 1972-1973.
Heinz Mack, Vibration, 1957.
Première couche des bleus célestes avec vibration lumière argent
Première expérience Vide-Vibration, projet Petit Robert 2016.
Vibration : n.f. 1632. Du latin vibratio, « action de brandir ». Phys. 1510 : « Lancement d’une arme de jet. » Dérivé de vibrare, « vibrer ». Fin du xviie siècle : Mouvement, état de ce qui vibre ; effet qui en résulte.
Son et ébranlement, battement, frémissement, tremblement, trépidation. Onde, ondulation. Phys. : Oscillation de fréquences.
Voir sages grecs, ve siècle avant J.-C., Démocrite et Leucippe, premiers hommes à contempler le mouvement des atomes dans le vide ! La matière de l’univers serait constituée d’entités fondamentales insécables, appelées « atomes », en mouvement perpétuel dans un univers vide et infini.
> Étudier La Plénitude du vide, Trinh Xuan Thuan, Albin Michel, 2016. Le vide quantique.
« Les atomes se meuvent en tous sens comme dans un mouvement vibratoire. » Leucippe.
« L’empire du savoir a largué les amarres. Il vogue vers le mystère et la nuit. » Manuel de Diéguez.
« Observe […] : tu verras une multitude de menus corps se mêler de mille manières parmi le vide dans le faisceau même des rayons lumineux et, comme engagés dans une lutte éternelle, se livrer combats, batailles, guerroyer de par escadrons, sans prendre trêve, agités par des rencontres et des divorces sans nombre : tu pourras conjecturer par là ce qu’est l’agitation éternelle des corps premiers dans le vide immense. » Lucrèce, De la nature, chap. II, v. 114 et suivants, trad. Alfred Ernout, Les Belles Lettres, 1972.
Sigmar Polke, Untitled, 2006.
François Morellet, Néons 0°, 45°, 90°, 135°, 1963.
Herzog & de Meuron, Detail of a metal gate at the Schaulager Museum, Basel, 2003.
Sol Lewitt, Squiggly Brushstrokes, 1996.
Vincent Van Gogh, Champ de blé avec moissonneur (détail), 1889.
Greco, empâtement.
Fait d’un dosage vibratoire de lumière blanche solaire ? Photo macroscopique des nerfs de l’iris.
Planche n°3, 2017
Dessins, textes et collages sur vélin d’Arches 30 x 46 cm
À la recherche du vide fécond à l’origine de tout ! Comment rien peut-il être la source vive de toutes manifestations ? Comme les chercheurs scientifiques, ne suggère rien de plus que des probabilités sur le principe d’incertitude. Le vide serait plein de potentialités ! Fluctuations perpétuellement changeantes et mouvantes…
Tout ne semble être que mutation, instabilité, mystère et indétermination. Là est le champ poétique qui m’intéresse, ce territoire d’agitation vibratoire. Je ne suis qu’un témoin, une particule messagère de ces forces à l’œuvre.
Planche n°4, 2017
Dessins, textes et collages sur vélin d’Arches 30 x 46 cm
Roy Colmer, Untitled, 2016.
Sedes Sapientiæ, encre, estampe.
Olafur Eliasson, Your Fading Self Down, 2013.
Masao Yamamoto, Kawa : Flow.
Tokujin Yoshioka, 2014.
Dan Flavin, Monument 1 for V Tatlin, 1964.
Vide : 1960, math. : Ensemble vide, qui n’a aucun élément. Zéro. Qui ne contient pas d’information, dénué de sens. Nul. Désert. (Cf. « Il n’y a pas un chat »)
« Pourquoi tu n’irais jamais nulle part. » « On peut tout peindre sans représentation. » « L’avenir est une page blanche. » Agnès Martin, L’Esprit serein, conversations avec Ann Wilson, Philadelphie, été 1972.
Phénomène, période, oscillation. Vibrations lumineuses, sonores, électromagnétiques > ondes à vibrations longitudinales / transversales qui traversent l’espace de mes polyptyques.
Regarde la vitesse de propagation d’un ébranlement, d’une vibration > célérité.
« Le pinceau d’un véritable artiste réserve le centre de sa toile à l’élan constructeur du souffle, qui brasse les formes dans le vide spatial. » Nicole Vandier-Nicolas, Art et sagesse en Chine : Mi-fou (1051-1107) peintre et connaisseur d’art dans la perspective de l’esthétique des lettrés, PUF, 1985.
Vibrations harmoniques, sonores. Vibrations actives, qui se traduisent par des bandes et des raies spectrales.
Abstrait : Phénomène périodique, caractérisé à chaque instant par un vecteur. Mouvement, champ vibratoire.
Light microscope.
Mark Rothko, 1963.
Vibration de matière picturale.
Sound v. Artworks.
Chapelle de Tadao Ando, château La Coste, 11 juin 2017.
Donald Judd, 1980.
Robert Ryman, Untitled, 1964.
Mark Rothko, Light Red over Black, 1957.
Baie de l’église de Nogent-sur-Seine.
Agnès Martin, Tremolo, 1962.
Henri Michaux, 1966.
Agnès Martin, Untitled, 2002.
Planche n°6, 2017
Dessins, textes et collages sur vélin d’Arches 30 x 46 cm
« Quel est l’objet de l’art ? Si la réalité venait frapper nos sens et notre conscience, si nous pouvions entrer en communication immédiate avec les choses et avec nous-mêmes, je crois bien que l’art serait inutile ou plutôt que nous serions tous artistes, car notre âme vibrerait continuellement à l’unisson de la nature. » Henri Bergson, extrait 37 s (seul enregistrement de la voix de Bergson, dans son cabinet de travail, le 3 juin 1936, à 77 ans.)
Cy Twombly, Blackboard (détail), 1970.
Vibration. Définition dans le dictionnaire Ricci : Orac. Effectuer la danse rituelle pour obtenir la pluie !
Néant. Vide, creux. Ne pas voir ; ne pas exister. Sans. Philo. chin-tao : vide métaphysique antérieur à l’un ; absence de fondement des choses ; impossibilité de poser un fondement / espace-temps infini et continu, indéterminé originaire / vide réceptif / vide entre les choses / Curfac.
Invisible. L’un des trois chaos originels avec HSÜ et KONG.
Absence. L’un des deux aspects de la manifestation de la voie TAO, avec la présence YOU.
« Rien avant, rien après, tout en faisant. » « […] la trouée du pinceau, par le souffle, vide médian non peint » Jean Degottex.
Comment arriver à l’idée du vide et non au vide ?
« Il ne s’explique pas, ne s’étend pas, ne bavarde pas, sobre, elliptique, retenu et traçant. » Jean Frémont, Degottex, éditions du Regard, 1986.
Vide si vaste tout livré au spontané !
« Joie du vivant, vivante joie… La doctrine zen, c’est le néant […] Katsu ! » Dernière pensée avant de mourir du moine zen et peintre Seigan Soi (1588-1661).
Métasigne, 04-04-1961.
Jean Degottex, Vide de la dispersion, 1953.
Joan Mitchell (1925-1992).
Hiroshi Sugimoto, Lightning Fields, 2009.
Cy Twombly, Blackboards.
Planche n°7, 2017
Dessins, textes et collages sur vélin d’Arches 30 x 46 cm
« Je continue à chercher l’expression de ces sensations confuses que nous apportons en naissant. » Paul Cézanne, Lettre à Joachim Gasquet, 1896.
« Or la nature, pour nous hommes, est plus en profondeur qu’en surface, d’où la nécessité d’introduire dans nos vibrations de lumière […] une somme suffisante de bleutés, pour faire sentir l’air. » Paul Cézanne, Lettre à Émile Bernard, 1904.
La peinture > Du visible, elle rend son invisible, le miracle de l’être et de l’apparaître. Ne « représente » par le vide ! Mais tente d’incarner l’esprit de l’expérience de sa présence / absence.
« Un étant se manifeste immédiatement comme image. » Heidegger.
Peindre vers « l’avènement » du vide-plein !
L’art est aussi peu réel que le monde finalement… Étudier l’illusion de notre vision-décryptage du réel… Car la matière du monde serait du « presque vide », car 99,9999 % du volume de l’atome est vide !!
François Morellet, L’Avalanche, 1996.
John Constable, Seascape, Study with Rain Cloud (détail), 1827.
Belle vision Vide/Vibration au début du film Walking Painting.
Recherche fond céleste du « bleu néant » en partant de l’argent.
La grande leçon du vide quantique : Tout n’est que fluctuation, mouvement et indétermination. Voir le principe d’incertitude : l’espace-temps n’est plus tranquille mais sujet à des fluctuations violentes inhérentes au principe d’incertitude de Heisenberg. > « Flou quantique ».
« L’intervalle entre le ciel et la terre, comme il ressemble à un soufflet de forge ! Il se vide sans s’épuiser, et se meut en produisant toujours davantage. » Lao Tseu, Tao-tö king, ve siècle avant J.-C.
Lire Henri Maldiney, Ouvrir le rien, l’art nu (Les Belles Lettres, 2010), sur la vie des sensations du vide.
Pour Épicure puis Lucrèce, qui reprennent la philosophie atomiste de Démocrite : le vide est plein de virtuels ! Les vibrations ne font qu’actualiser ces virtualités. Soit l’existence du vide est nécessaire à la vibration des atomes…
Sol Lewitt, Wall Drawing 260, 1976.
Lignes de champ magnétique reliant les pôles nord et sud d’un aimant par de la limaille de fer (voir expérience Faraday).
Maurizio Galante, Vapori (tulle), 2007.
Eva Hesse, Metronomic Irregularity, 1966.
Mark Tobey, Messengers, 1965.
Hans Hartung, 1973.
Planche n°10, 2017
Dessins, textes et collages sur vélin d’Arches 30 x 46 cm
Le vide est la mère de l’univers. Il est à l’origine de tout. > Un champ d’énergie primordiale. Avec pour seul bagage ton esprit, pour seul outil de mesure ton pinceau, appréhende la totalité ! Le vide se manifeste alors comme un chaos de souffles…
L’homme se situe entre deux infinis : l’infiniment grand et l’infiniment petit…
« Qu’est-ce que l’homme dans la nature ? Un néant à l’égard de l’infini, un tout à l’égard du néant, un milieu entre rien et tout, infiniment éloigné de comprendre les extrêmes. » Blaise Pascal, Pensées, 1670.
« Tout l’univers est contenu dans un seul être humain : toi. » « Je suis ce qui est et ce qui n’est pas… Je suis l’âme de toute chose. » Djalal al-Din Rumi, poète mystique persan, xiiie siècle.
« Tout notre être ne consiste en rien d’autre qu’à faire le vide et devenir néant. » Maître Eckhart, La Divine Consolation, début du xive siècle.
Plus l’être est vide, plus il semble disponible, ouvert, réceptif, plus tu pourras peut-être accueillir le flux sourcier plus naturellement !
« Fais le vide avant d’être comblé. » Maître Eckhart.
« Au milieu du néant est une route qui tout droit mène à ma vraie demeure. » Fûgai Ekun (1568-1654).
Détail du polyptyque Vide-Vibration n° 2, exposition Alice Pauli, Lausanne, 2017.
Planche n°15, 2017
Dessins, textes et collages sur vélin d’Arches 30 x 46 cm
Art Basel, 14 juin 2017. Piet Mondrian (1872-1944) : découverte du tableau Composition no VI (Composition 9, Blue façade, 1914, Beyeler Collection).
Je suis touchée par ce tableau. As-tu déjà vu un Mondrian aussi juste dans sa gestuelle de saisie de la matière picturale pour raconter les tremblements de l’atmosphère issus du vide ? Il suggère là, dans les cases de sa composition arborescente, en quelques touches, toute la phénoménologie de la poésie des éléments !
Voir chez Stéphane Mallarmé le vide comme matrice à effet vibratoire propre à la forme musicale : « objet dont le néant s’honore ». Le vide conçu comme lieu de possible expérience dynamique. Il pense l’esprit comme « centre du suspens vibratoire ».
Expériences filmées, labo, chapelle de la Visitation, Aix-en-Provence, juillet 2017. Projet installation pour une immersion 360°, autour d’une pièce de György Kurtág, Officium Breve. Thème de la disparition des corps vers une présence vide, sonore et vibratoire… La musique m’a enseigné le jeu de l’instantanéité de l’action d’un mouvement abstrait et universel ininterrompu. Manifestation invisible et pourtant sans cesse changeante : vers une mutation en constant devenir…
Yayoi Kusama, Infinity Nets (CAY), 2001.
Islande, aurores boréales.
Au National Museum d’Oslo (cabinet des Archives), j’ai pu découvrir le Skissebok de Johan Christian Dahl (1788-1857), Italia, 1820. Tout surgit du vide !
Xu : « vide », « vacant ». Absence d’attachements, de désirs, permettant d’accueillir toutes les virtualités. Plénitude de réceptivité et d’efficacité.
Tai xu : « vide suprême », origine de tous les existants. Correspond au Tao, à la totalité du réel.
Voir chez William Turner les plages blanches du papier laissées à l’imagination… Dire plus en peignant moins ! Vers un idéal pictural dans :
- la litote
- l’ellipse
- le fragment…
La pensée jetée à l’arraché des poils du pinceau, insolite dans le vide de l’espace, fuyant la narration anecdotique, se libère en signe abstrait.
Voir poésie allusive et suggestions elliptiques. Chez les lettrés, la peinture xie yi « écrit » et non « décrit ». Les significations des choses et non leurs figurations apparentes…
Première expérience avec l’atelier vitraux de la manufacture Vincent-Petit et Flavie en mai 2017, avec des essais de grisaille en brun xvie siècle / en quête d’un « vide animé » sur plaques de verre avec la technique du « blaireautage », alchimie fascinante qui consiste à peindre en « enlevant », « époussetant » la matière.
Pôle sud, Google Earth.
William Turner, Ship in a Storm, 1826.
Polyptyque Vide-Vibration (détail).
Jean Degottex, Vide des choses extérieures et intérieures (détail), 1959.
Mark Rothko, N° 6, 1954.
Planche n°16, 2017
Dessins, textes et collages sur vélin d’Arches 30 x 46 cm
« Il est important que l’art ait une origine scripturale. » Roland Barthes, L’Empire des signes, 1970.
« Trop esthétique […]. Le délié étant l’ouverture sur l’étendue. » Jean Degottex.
Ex nihilo : à partir du néant, en latin, passer de l’état d’inexistence à l’existence…
Pour Platon et Aristote, Horror vacui ; la nature a horreur du vide.
« Ainsi, il existe un lieu intangible, le vide et le vacant. S’il n’existait pas, les choses ne pourraient d’aucune façon se mouvoir. » Lucrèce (poète latin, v. 98-55 av. J.-C.), De la nature des choses.
Henri Michaux par Brassaï.
Henri Michaux, Confusion des nerfs, 1960.
William Turner, Three Seascapes, 1827.
Carnets de croquis de Turner.
Jackson Pollock, Composition n° 6, 1948.
« Il s’agit d’apprendre – et peut-être de réapprendre – une écriture qui est celle des lignes. » Henri Matisse, Écrits et propos sur l’art, Hermann, 1991.
Jouer avec les lois physiques et utiliser le vide-néant comme arène pour une stimulation de l’imaginaire vers une aspiration aux signes-lignes qui esquissent l’universel.
L’acte de peindre à cette échelle est une captation en confrontation directe avec la résistance de l’air, la gravité, etc., qui entravent ma marche peinte, avec le gros pinceau suspendu, mais qui aussi par ce choc de « rencontre-connexion », crée la forme. Comme si ce temps du frein des forces naturelles cachées permettait, dans l’écoulement des ondes peintes, de prendre corps !
« L’homme qui médite vit dans l’obscurité. » Victor Hugo, William Shakespeare, 18
Atelier, mai 2017.
Paul-Émile Borduas, Épanouissement, 1956.
Cy Twombly, Untitled (détail), 1970.
Jean Arp, Three White Forms on Black Ground, 1957.
Planche n°17, 2017
Dessins, textes et collages sur vélin d’Arches 30 x 46 cm
Voir l’« écriture blanche » de Mark Tobey : « Reality must be expressed by a physical symbol. » [La réalité doit être exprimée à travers un symbole physique.]
Les traits jetés et rythmiques créent la forme > Esprit universel, sens cosmique du cheminement ininterrompu de la ligne dans l’espace. Pratique le all over > Toute la toile est fluctuation de signes, laissant surgir de mystérieuses correspondances entre ses pulsions intérieures et les énergies de l’univers.
« The dimension that counts for the creative person is the space he creates within himself. The inner space is closer to the infinite. » [La dimension importante pour un créateur est l’espace qu’il crée en lui-même. L’espace intérieur est plus proche de l’infini.] Mark Tobey.
« La surface créatrice, où la forme intuitive doit sortir de rien, est d’abord un vide radiant. Actif et capable de soi, ce qui s’accomplit à travers une ligne de rupture. » Henri Maldiney, L’Art, l’éclair de l’être, Le Cerf, 2012.
Détail du Polyptyque n° 7 Vide-Vibration : comme un perpétuel solve et coagula, « dissolution et coagulation ».
Mark Tobey, Litho n° 3, 1969.
Mark Tobey, White Writing, 1951.
Mark Tobey, Crystallizations, 1944.
19-04-2017.
« Le vide est lui-même l’élément paradoxal, le non-sens de surface, le point aléatoire toujours déplacé, d’où jaillit l’événement comme sens. » Gilles Deleuze, Logique du sens, éditions de Minuit, 1969.
L’art selon Deleuze : « Jamais une fin mais un instrument pour tracer les lignes de vie. » Il reprend le principe de composition de la pensée esthétique chinoise qui « n’a ni début, ni fin, ni origine, ni destination », mais est « toujours au milieu ».
Voir respiration du vide médian qui circule entre les traits et dans le trait même !
« La vibration, c’est le mouvement prisonnier de la forme. » Paul Claudel, Œuvres poétiques, 1967.
Les manifestations du vide ne cessent de me taquiner ! En chevauchant leurs élans avec mon pinceau, le monde ne cesse de jaillir à mes pieds sans discontinuer !
Planche n°18, 2017
Dessins, textes et collages sur vélin d’Arches 30 x 46 cm
Couche atmosphérique qui protège notre planète : « La Terre n’est pas en contact direct avec le vide de l’espace interstellaire mais dotée d’une remarquable couche d’air qui l’enveloppe et la protège comme un cocon. Sans elle, la vie n’aurait pas pu émerger. » Trinh Xuan Thuan, La Plénitude du vide, Albin Michel, 2016.
La physique moderne reconnaît que le vide est à l’origine de tout : l’univers est né du vide, son contenu est issu du vide et c’est le vide qui dicte son mouvement !
Étudier l’aptitude vibratoire du vide qui est animé sans cesse par la mobilité de l’air. Montée, descente, dilatation, contraction des courants d’air dans l’atmosphère… Comme la pulsation d’une respiration d’un organe vivant qui aspire et assimile les ressources extérieures et expire et éjecte les déchets… Élan centripète/élan centrifuge.
Peindre cette réalité comme une danse primitive très ancienne, un rythme ancestral qui traverse l’espace et tisse cette enveloppe aérienne suspendue de fluides vitaux.
« Dès sa naissance, toute forme porte en elle le germe d’une évolution. » Ovide.
Vase persan, Iran oriental, xe siècle.
Vincent Van Gogh, La Nuit étoilée, 1889, MoMA.
Chantier de création en atelier des polyptyques Vide-Vibration, mai 2017.
Nasa, cyclone tropical, 2011.
Modélisation du vide quantique.
Yayoi Kusama, The Galaxy, 1994.
Marcel Barbeau, Rosier-Feuilles (détail), 1946.
Allée de tourbillons de Karman (voir physique météorologie). Motif périodique / turbulence / dynamique des fluides. Ligne de Karman : définit la frontière entre l’atmosphère terrestre et l’espace, à 100 kilomètres. Porte officielle de l’espace !
« Quand l’art veut traduire les rythmes intenses de la vie, en Orient comme en Occident, il rompt la rigidité des droites pour se plier aux formes dynamiques révélées par les fluides. » René Huyghe, Formes et forces : de l’atome à Rembrandt, Flammarion, 1971.
Observe les masses fluides, dès qu’elles perturbées, surgissent des formes tourbillonnaires… Principe : action/double mouvement intérieur/extérieur. Tu vois alors l’émergence d’une autonomie de la forme grâce à une compensation alternée.
Voir les recherches de Theodor Schwenk : en étudiant les mouvements de l’eau, a suivi le passage du simple méandre aux enroulements tourbillonnaires latéraux.
Formation cyclonique vue de l’espace.
Détail de l’exposition « Vide-Vibration », Polyptyque no 4, 2017.
Louise Bourgeois, Insomnia Drawing no 197, 1994-95.
Voir les recherches de Theodor Schwenk : en étudiant les mouvements de l’eau, a suivi le passage du simple méandre aux enroulements tourbillonnaires latéraux.
Ondulations provoquées par un bâtonnet parcourant lentement et en ligne droite un liquide visqueux.
Croquis dans un carnet de Léonard de Vinci.
Coupe d’une coquille de nautile.
Le vide est sombre. C’est un refus de toute matière, un trou cosmologique, une absence ontologique, une abstraction terrible… Le voici soudain griffé par la blancheur candide d’une vibration. Vibrer suscite frisson et tremblement ; parfois la convulsion, la transe. Mais aussi l’onde, la pulsation, la lumière, les formes et les couleurs, les sons de voix et d’instruments, la musique et la danse…, les systoles et les diastoles. Les affolements vibrants de la vie sont des distractions du vide.
Alain Rey